Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/220

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Une preuve de cela, c’est que, dans les Indes Occidentales, où les trois couleurs (la noire, la blanche et celle des visages de l’Amérique) se sont mêlées, il n’y a plus proprement de blancs, et, de deux cents 5 visages, il n’y en a pas un de même couleur.

La nation turque et la persane sont des nations faites par art, par les mâles de ces nations et des femmes de Circassie, de Mingrélie et de Géorgie.

Si une nation plus reculée que la tartare avoit 1o conquis la Chine, adieu les visages chinois, et, si les peuples jaunes d’Asie se répandoient en Europe, de quoi deviendrions-nous ?

Et que savons-nous les (sic) changements qui arriveroient dans notre espèce même, non seuleô ment sur la figure, mais aussi sur la raison, si on n’avoit soin de tuer tous les monstres ?

  • Les sculpteurs d’aujourd’hui ne doivent donc point prendre pour modèle une statue grecque, ni juger des statues grecques par nos figures moder2o nes*.

A l’égard de l’esprit, je ne voudrois pas dire qu’il ne pût y avoir un certain mélange de nations, tel qu’il se formât une nation la plus ingénieuse, par rapport aux organes corporels, qu’il fût possible.

iâ 1466* (871. II, f° 3). — Les anciennes fables s’expliquent très bien par la situation où se trouvoient les premiers hommes avant qu’ils n’eussent trouvé les armes offensives et défensives. Ils étoient en proye aux bêtes farouches, foibles et timides, et leur état

3o a dû être incertain ou, du moins, périlleux jusques