Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/228

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Chaque État doit songer à faire des soldats, et celui qui en a plus est le plus puissant.

1481 (463.I, p. 394). — Il n’y a point d’État si dangereux, et qui menace si fort les autres États de la

3 conquête, qu’un État qui est dans la guerre civile1. C’est que tout le peuple (nobles, bourgeois, laboureurs) devient soldat. D’ailleurs, il s’y forme de grands hommes, parce que, dans la confusion, ceux qui ont du mérite se font jour, au lieu que, dans la

1o tranquillité de l’État, on choisit les hommes, et on choisit mal. Les Romains, après les guerres civiles de Marius et de Sylla, de César et de Pompée ; les Anglois, après les guerres civiles sous Cromwell ; les François, après les guerres civiles sous Henri IV,

>b après les guerres civiles sous Louis XIII, après les guerres civiles sous Louis XIV ; les Allemands contre les Turcs, après les guerres civiles d’Allemagne ; les Espagnols, sous Philippe V, en Sicile, après les guerres civiles pour la succession. Si donc l’État

2o n’est pas détruit (ce qui arrive aisément), il devient plus fort. Il se détruit par le partage ou l’usurpation d’un voisin.

1482* (188.I, p. 188). — Projet chimérique d’une paix perpétuelle en Europe, lequel on donne à 25 Henri IVe : bon pour armer l’Europe contre l’Espagne ; mais mauvais si on l’avait envisagé en lui-même : les premiers Barbares auroient subjugué l’Europe.

1. Voyez page 187. —J’ai mis cela dans les Considérations sur la République romaine.