Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/229

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1483(2 39.I, p. 254). — Depuis Louis XIV, il n’y a plus que de grandes guerres : la moitié de l’Europe contre la moitié de l’Europe. Les alliés de Hanovre ont 585,ooo hommes ; ceux de Vienne, 555.

1484(523.I, p. 422). — Depuis la Quadruple -Al- 3 liance, les grands princes de l’Europe font comme les Romains : ils disposent des États des petits par les vues de leur intérêt, et non de la justice.

1485 (639. I, f° 454). — Il n’est plus possible qu’une petite puissance aujourd’hui en arrête une grande, et 1o les États sont plus disproportionnés qu’ils n’étoient autrefois1. Dans la plupart des petites républiques de Grèce et d’Italie ou plutôt d’Europe d’autrefois, il y avoit un partage de terres : chaque citoyen, également riche, avoit un intérêt égal et dominant à défen- 1 h dre sa patrie, et sa vie étoit peu de chose quand il la comparoit avec la perte de sa liberté, de sa famille et de ses biens. Voilà qui faisoit une nation entière propre à la guerre, autant qu’une armée disciplinée.

Mais, quand le partage n’étoit plus égal, le nom- »o bre des citoyens diminuoit aussitôt : la vingt ou trentième partie du peuple avoit tout, et le reste, rien. De là, les arts, tant pour satisfaire au luxe des riches que pour être un état pour l’entretien des pauvres. De là, deux choses : de mauvais soldats (car 25 les artisans n’ont pas proprement de patrie et jouissent de leur industrie partout : car ils ont partout des

1. Mis dans les Romains.