Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/247

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son bien, ce qu’il avoit acquis en faisant une fraude à la Loi.

1527*(1551.II,f° 248).—Mais, enfin, cette démocratie (Rome) se corrompit et suivit, pour sa perte, le même chemin que prennent presque toutes les 5 démocraties. Le peuple, qui déjà avoit toute la législation, voulut avoir toute l’exécution et ôta la force à toutes les magistratures, éluda toutes les loix et, pour ôter les mœurs, énerva la censure même. Toutes les affaires furent portées devant le peuple, 1o débattues devant lui ; rien, devant le Sénat ; et les tyrannies de la liberté devinrent si insupportables que les principaux la défendirent sans courage, et que le peuple la perdit sans regret.

1528 (48.I, p. 53). — Il étoit permis à Rome à tout 15 le monde d’accuser ceux qui étoient soupçonnés de vouloir opprimer la liberté de la République1. Mais, comme toutes ces accusations ne produisoient que des débats, elles ne faisoient qu’augmenter la division, armer les principales familles les unes contre 2o les autres, et les remèdes contre les factions naissantes étoient bien longs, puisqu’on n’avoit recours qu’aux harangues. — A Venise, au contraire, le Conseil des Dix étouffe, non pas seulement les factions, mais les inquiétudes. — C’est une grande prudence 2S que celle des Vénitiens, de ne réunir jamais, dans une même personne, les honneurs et la puissance.

1. ’J’ai mis cela dans ce que j’ai fait sur la République romaine*.