Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/396

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peine éloignée : témoin les femmes, qui ne font pas de cas des peines de l’enfantement dans le moment qu’elles vont se les procurer, parce que l’enfantement est une chose éloignée : le plaisir agit de près ; 5 la douleur affecte de loin ; de façon que c’est un grand bonheur de la nature qu’il faille tant de temps depuis la conception jusqu’à l’enfantement. Or ceux qui voyent les maux aussi près que le plaisir, comme ceux qui craignent les maux vénériens, s’abstien1o nent du plaisir ordinairement.

Mahomet donne deux motifs d’observer la Loi, la crainte des peines de cette vie et de celles de l’autre.

1946 (118o. II, f° 82 v°). — « Dieu fait gronder le tonnerre, dit Sénèque, paucorum periculo et mul

15 torum metu.> Le Législateur, dans l’établissement des peines, doit faire la même chose.

1947 (Sp., f° 417 v°). — Les Japonois punissent presque tous les crimes de la mort, parce que toute désobéissance à un si grand empereur est un crime

2o énorme. Ils font donc le même raisonnement à l’égard de leur empereur, que nous faisons à l’égard de Dieu : la faute est infinie, qui offense un être infini. Les Japonois ne punissent pas pour corriger le coupable, mais pour venger leur empereur.

35 Toutes ces idées sont des idées de servitude.

1948(Sp., f° 415 v°). — Je remarque aussi que, moins une religion est réprimante, plus il faut que les loix civiles soyent sévères : car, la religion des Sintos