Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/395

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de toutes les passions des autres, et ont exercé leurs droits de sens froid.

1. Mis dans les Loix.

2. Voyez page 20 et page 22.

Que si les magistrats ne vous vengent pas, vous ne devez pas pour cela vous venger, parce qu’il est présumé qu’ils pensent que vous ne devez pas vous 5 venger.

Ainsi, quand la Religion chrétienne a défendu la vengeance, elle n’a fait que maintenir la puissance des tribunaux. Mais, s’il n’y avoit point de loix, la vengeance seroit permise ; non pas le sentiment qui 1o fait que l’on aime à faire du mal pour du mal, mais un exercice de justice et de punition.

Ainsi, dans les pays où il n’y a point de tribunaux pour les femmes, les enfants, les esclaves, les sujets, les particuliers exercent leurs vengeances comme 15 magistrats.

Et il y a même des occasions où il est contre le devoir de pardonner. Ainsi la Loi veut que l’on poursuive l’assassin du père. Elle y oblige même les enfants déshérités et y encourage les esclaves. 2o

Il en est de même du père qui ne pardonne point à son fils qui a mérité l’exhérédation. Le père agit comme juge.

1945 (468. I, p. 3g6). — La crainte des peines de l’autre vie n’est pas un motif si réprimant que la 15 crainte des peines de celle-ci, parce que les hommes ne sont pas frappés des maux à proportion de leur grandeur, mais à proportion que le temps où ils arriveront est plus ou moins éloigné, de façon qu’un petit plaisir présent nous touche plus qu’une grande 3o