Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/469

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la rigueur, en désirent l’abaissement, enfin, cherchent à se faire regretter par toutes sortes de voyes.

Enfin, les hommes sages qui pourroient remédier au mal, étant, par leur modération même, d’abord 5 lassés par la contradiction, apportent dans leurs actions l’indolence de leur caractèfe, tandis que les autres y mettent toute l’activité du leur.

Pour guérir le mal, il est inutile de travailler sur l’esprit des théologiens ; mais sur celui du peuple, 1o qui, entrant passivement dans la querelle, est plus capable d’être guéri.

L’attention que l’on donne à ce mal l’augmente sans mesure, en faisant croire qu’il est plus grand qu’il n’est en effet : les questions actuelles devenant 15 frivoles au bout d’un certain temps, pendant que la Religion, comme céleste, s’en dégage et subsiste toujours.

Il faut réduire les théologiens à défendre leurs opinions uniquement par amour pour la vérité ; 2o moyennant quoi ils n’iront jamais bien loin.

Quand on veut accommoder les partis, on les accrédite, en faisant voir que leur manière de penser est très importante et décide du repos de l’État et de la sûreté du Prince. 23

Par une contradiction naturelle de l’esprit humain, deux parties (sic) qu’on veut réunir deviennent, par cela seul, plus portées à se contredire.

On veut toujours avoir recours à l’autorité du Prince, parce qu’on aime à rendre les querelles 3o illustres.