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XXXIII. DISPUTES DE RELIGION.

2045 (690. I, p. 472). — Lorsqu’un État est tourmenté par des disputes de religion, il arrive nécessairement que le Prince en est tout occupé ; ce qui 5 fait qu’il y subordonne tous les autres points, comme moins essentiels.

Il arrive que le Prince, devenant presque toujours partie intéressée, elles fixent sur lui, dans le même moment, l’amour et le respect d’une partie de ses 1o sujets, et la haine et le mépris de l’autre.

Il arrive que, comme on ne juge plus du Prince par ses vices ou par ses vertus, aussi le Prince ne juge plus de ses sujets que par des qualités étrangères ; que ce n’est plus le mérite personnel qui 15 donne les places, ni l’incapacité qui en prive, mais l’avantage d’être d’un certain parti ou le malheur d’être d’un autre.

Il arrive qu’une infinité de gens sont dégoûtés du gouvernement. Or, quoique la mauvaise volonté 2o d’une partie des citoyens paroisse impuissante, parce qu’elle ne fait pas de coups éclatants, elle ne laisse pas d’avoir des effets sourds, qui se produisent dans l’ombre et le temps : d’où viennent les grandes révolutions. 25 Il arrive que les pays du dehors sont pleins de citoyens chassés de leur patrie, qui en révèlent les secrets, en communiquent les avantages, en exagèrent