Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/474

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que les disputes entre Philippe-le-Bel et Boniface VIII établirent des principes en France ; que la Pragmatique les confirma ; que les malheurs des guerres de la Religion, les excommunications de Henri III et

5 de Henri IV, rendirent les magistrats plus attachés à ces principes ; que la paix du règne de Louis XIII et le commencement de Louis XIV avoit (sic) maintenu les esprits dans la dépendance et le respect nécessairement dû, et pour l’intérêt de la Religion,

1o et pour notre intérêt, même civil, à la Cour de Rome, lorsque Louis XIV fit la fameuse assemblée du Clergé, qui fit plus de mal à Rome que les Parlements n’en avoient fait ; que le père Le Tellier vint ensuite et voulut, en un jour, faire oublier aux

15 François toutes leurs maximes.

Mais les magistrats ne les ont pas oubliées. Ils ne sont point de mauvaise humeur, mais ils ont des connoissances. C’est donc par la raison et par la douceur qu’il faut travailler sur eux, et les ramener

2o au droit chemin insensiblement, dans les choses où les disputes les ont portés trop avant.

Et il faut surtout bien prendre garde de prendre le change, où l’on passe de la question qui faisoit l’objet principal à des questions plus intéressantes,

i5 et où le Clergé pourroit chercher, à l’ombre de la Constitution, à passer à d’autres prétentions, sous prétexte de l’exécution de ladite Constitution. Un bon citoyen doit chercher, d’un côté, à calmer les esprits et à maintenir dans ses bornes chacun des

3o ordres du Royaume. Et, quand je dis ceci, je ne parle point contre les évêques. J’ai toujours pensé que leur