Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/502

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toute la dévotion du peuple, qu’ils étonnent ; de manière qu’au lieu de la candeur, de la bonne foi et de la vertu, que la Religion doit inspirer, tous les devoirs sont bornés à les honorer ou 5 enrichir.

Mais ce n’est pas tout ce que la superstition a tiré du dogme de l’immortalité. On a vu les hommes se dévouer eux-mêmes, et les princes recevoir de leurs sujets ce tribut horrible de leur fureur. On a 1o vu les pères tués ou mangés dans leurs maladies ou leur vieillesse par l’affreuse compassion de leurs enfants.

2086 (349.I, p. 344). — On ne veut pas mourir. Chaque homme est proprement une suite d’idées

15 qu’on ne veut pas interrompre.

2087 (422.I, p. 38o). — Ceux qui disent qu’il n’y a point de peines ni récompenses dans l’autre vie ne le disent pas en faveur des bons : car ils les privent des récompenses. Ils établissent donc leur système en

2o faveur des méchants qu’ils soulagent de la peine. — Cet argument, que le cardinal de Polignac a mis dans son Lucrèce, seroit plus fort dans la Loi de Nature ou une religion qui n’admettroit que l’équité, que dans une loi qui, admettant une révélation,

tb damne ceux qui ne croyent pas, et où l’Enfer est (sic) et le Paradis est (sic) distribué entre les croyants et les non-croyants.

2088 (82.I, p. 77). — Il est difficile de comprendre