Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/503

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par la raison seule l’éternité des peines des damnés : car les peines et les récompenses ne peuvent être établies que par rapport à l’avenir. On punit aujourd’hui un homme, afin qu’il ne faille pas demain ; afin que les autres ne faillent pas aussi. Mais, lors- 5 que les bienheureux ne seront pas libres de pécher, ni les damnés de bien faire, à quoi bon des peines et des récompenses ?

2089* (1668. III, f° 15 v°). — On s’accoutume si fort à entendre débiter de certaines choses d’un air d’au- 1o torité, qu’on se trouve vaincu avant de combattre. Le respect a tenu lieu d’examen. On a commencé à recevoir ces propositions comme vrayes, et on a regardé les objections qui se sont présentées en foule, que comme des objections. Ces objections 0 mêmes sont devenues méprisables, parce que, se présentant à tout le monde, les gens d’esprit ont eu honte de les proposer. Elles ne font plus d’impression, parce qu’elles sont trop naturelles, c’est-àdire parce qu’elles sont trop fortes. »o

2090 (1176. II, f° 82). — Les deux Mondes. — Celuici gâte l’autre, et l’autre gâte celui-ci. C’est trop de deux. Il n’en falloit qu’un.

2091 (1o58. II, f°61 v°). — On entend toujours dire :

« Le Ciel et la Terre. » C’est comme qui diroit : 25 « Le Ciel et rien. »