Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/54

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pitié des conjurés, qu’on voit en péril ; et ensuite, de César, qu’on voit assassiné. Dans celle de Néron, on est étonné de le voir obligé par degrés de se tuer sans aucune cause qui l’y contraigne, et, cepen5 dant, de façon à ne pouvoir l’éviter.

870* (773.I, p. 5o3). — Je disois sur les fragments du livre De la République de Cicéron : « Nous devons beaucoup de ces fragments à Nonius, qui, pour nous donner des mots, nous a conservé des

1o choses. »

Je suis naturellement curieux de tous les fragments des ouvrages des anciens auteurs ; comme, sur les rivages, on aime à trouver les débris des naufrages que la mer a laissés.

15 Cicéron, selon moi, est un des grands esprits qui aye jamais été : l’âme toujours belle, lorsqu’elle n’étoit pas foible.

871 (n 10. II, f° 74 v°). — Virgile inférieur à Homère (comme on sait) par la grandeur et la variété

2o des caractères ; par l’invention, admirable ; égal par la beauté de sa poésie. Ses six premiers livres sont beaux. J’avoue que ses six derniers me font bien moins de plaisir. Je crois que les raisons en sont, primo, que c’est trop que six livres depuis l’arrivée

25 en Italie ; il falloit expédier cela dans un : car il semble que, dès qu’Énée est arrivé, tout est fini. Homère n’a pas fait cette faute : Ulysse arrivé en Itaque, le poème finit presque d’abord, quoique le lecteur brûle d’apprendre comment il sera reçu. Le