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GRANDEUR DES ROMAINS, CHAP. XIII.


terres incultes, et devenaient de dangereux citoyens[1] : mais, si on les distribuait par légions, les ambitieux pouvaient trouver, contre la République, des armées dans un moment.

Auguste fit des établissements fixes pour la marine. Comme, avant lui, les Romains n’avaient point eu des corps perpétuels de troupes de terre, ils n’en avaient point non plus de troupes de mer. Les flottes d’Auguste eurent pour objet principal la sûreté des convois et la communication des diverses parties de l’Empire : car, d’ailleurs, les Romains étaient les maîtres de toute la Méditerranée. On ne naviguait dans ces temps-là que dans cette mer, et ils n’avaient aucun ennemi à craindre[2].

Dion remarque très bien que, depuis les Empereurs, il fut plus difficile d’écrire l’histoire : tout devint secret ; toutes les dépêches des provinces furent portées dans le cabinet des Empereurs ; on ne sut plus que ce que la folie et la hardiesse des tyrans ne voulurent point cacher, ou ce que les historiens conjecturèrent.

  1. Voyez Tacite, Annal., liv. XIV, ch. XXVII, sur les soldats menés à Tarente et à Antium. (M.)
  2. A. Auguste fit des établissements fixes pour la marine. Avant lui les Romains n'en avoient point eu. Comme ils étoient maîtres de la Méditerranée, et qu'on ne navigeoit dans ce temps-là que dans cette mer, ils n'avoient aucun ennemi à craindre.