Aller au contenu

Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 1.djvu/581

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
407
Liv. XII. Chap. XV.


CHAPITRE XV.

De l’affranchissement de l’esclave, pour accuser le maître.


Auguste établit que les esclaves de ceux qui auroient conspiré contre lui, seroient vendus au public, afin qu’ils pussent déposer contre leur maître[1]. On ne doit rien négliger de ce qui mene à la découverte d’un grand crime. Ainsi, dans un état où il y a des esclaves, il est naturel qu’ils puissent être indicateurs : mais ils ne sauroient être témoins.

Vindex indiqua la conspiration faite en faveur de Tarquin : mais il ne fut pas témoin contre les enfans de Brutus. Il étoit juste de donner la liberté à celui qui avoit rendu un si grand service à sa patrie : mais on ne la lui donna pas, afin qu’il rendît ce service à sa patrie.

Aussi l’empereur Tacite ordonna-t-il que les esclaves ne seroient pas témoins contre leur maître, dans le crime même de lese-majesté[2] ; loi qui n’a pas été mise dans la compilation de Justinien.

  1. Dion, dans Xiphilin.
  2. Flavius Vopiscus, dans sa vie.