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de M. de Montesquieu.

changer de maximes en changeant de gouvernement ; dans cette suite de monstres qui régnerent, presque sans interruption, depuis Tibere jusqu’à Nerva, & depuis Commode jusqu’à Constantin ; enfin, dans la translation & le partage de l’empire, qui périt d’abord en occident par la puissance des barbares ; & qui, après avoir langui plusieurs siecles en orient sous des empereurs imbécilles ou féroces, s’anéantit insensiblement, comme ces fleuves qui disparoissent dans des sables.

Un assez petit volume à suffi à M. de Montesquieu pour développer un tableau si intéressant & si vaste. Comme l’auteur ne s’appesantit point sur les détails, & ne saisit que les branches fécondes de son sujet, il a su renfermer en très-peu d’espace un grand nombre d’objets distinctement apperçus, & rapidement présentés, sans fatigue pour le lecteur. En laissant beaucoup voir, il laisse encore plus à penser : & il auroit pu intituler son livre, histoire romaine à l’usage des hommes d’état & des philosophes.

Quelque réputation que M. de Montesquieu se fût acquise par ce dernier ouvrage & par ceux qui l’avoient précédé, il n’avoit fait que se frayer le chemin à une plus grande entreprise, à celle qui doit immortaliser son nom, & le rendre respectable aux siecles futurs. Il en avoit dès long-