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de M. de Montesquieu

générales, l’auteur rapporte à chacune les objets qui lui appartiennent exclusivement ; & à l’égard de ceux qui par différentes branches appartiennent à plusieurs divisions à la fois, il a placé sous chaque division la branche qui lui appartient en propre. Par-là on apperçoit aisément & sans confusion l’influence que les différentes parties du sujet ont les unes sur les autres ; comme dans un arbre ou systême bien entendu des connoissances humaines, on peut voir le rapport mutuel des sciences & des arts. Cette comparaison d’ailleurs est d’autant plus juste, qu’il en est du plan qu’on peut se faire dans l’examen philosophique des lois comme de l’ordre qu’on peut observer dans un arbre encyclopédique que des sciences : il y restera toujours de l’arbitraire ; & tout ce qu’on peut exiger de l’auteur, c’est qu’il suive, sans détour & sans écart, le systême qu’il s’est une fois formé.

Nous dirons de l’obscurité que l’on peut se permettre dans un tel ouvrage, la même chose que du défaut d’ordre. Ce qui seroit obscur pour des lecteurs vulgaires ne l’est pas pour ceux que l’auteur a eus en vue. D’ailleurs, l’obscurité volontaire n’en est pas une. M. de Montesquieu ayant à présenter quelquefois des vérités importantes dont l’énoncé absolu & direct auroit