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De l’esprit des Lois,

considérable en comparaison de ceux qui restoient. De plus, ces esclaves menés à la guerre par leur maître ne faisoient pas un corps séparé ; ils étoient dans l’armée, & restoient, pour ainsi dire, dans la famille.




CHAPITRE XV.

Continuation du même sujet.


Quand toute la nation est guerriere, les esclaves armés sont encore moins à craindre.

Par la loi des Allemands, un esclave qui voloit[1] une chose qui avoit été déposée, étoit soumis à la peine qu’ont auroit infligée à un homme libre : mais s’il l’enlevoit par[2] violence, il n’étoit obligé qu’à la restitution de la chose enlevée. Chez les Allemands, les actions qui avoient pour principe le courage & la force, n’étoient point odieuses. Ils se servoient de leurs esclaves dans leurs guerres. Dans la plupart des républiques, on a toujours cherché à abattre le courage des esclaves : le peuple Alle-

  1. Loi des Allemands, chap. v. §. 3.
  2. Ibid. chap. v. §. 5.