Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
Liv. XVI. Chap. IV.

& en Afrique, ont donc un certain rapport au climat.

Dans les climats froids de l’Asie, il naît, comme en Europe, plus de garçons que de filles. C’est, disent les Lamas[1] la raison de la loi qui chez eux permet à une femme d’avoir plusieurs maris[2].

Mais je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de pays où la disproportion soit assez grande, pour qu’elle exige qu’on y introduise la loi de plusieurs femmes ou la loi de plusieurs maris. Cela veut dire seulement que la pluralité des femmes, ou même la pluralité des hommes, s’éloigne moins de la nature dans de certains pays que dans d’autres.

J’avoue que si ce que les relations nous disent étoit vrai, qu’à Bantam[3] il y a dix femmes pour un homme, ce seroit un cas bien particulier de la polygamie.

Dans tout ceci, je ne justifie pas les usages ; mais j’en rends les raisons.

  1. Du Halde, Mém. de la Chine, tom. IV, p. 46.
  2. Albuzeïr-el-hassen, un des deux mahométans Arabes qui allerent aux Indes & à la Chine au neuvieme siecle, prend cet usage pour une prostitution. C’est que rien ne choquoit tant les idées Mahométanes.
  3. Recueil des voyages qui ont servi à l’établissement de la Compagnie des Indes, tom. 1.