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De l’esprit des Lois,


La possession de beaucoup de femmes ne prévient pas toujours les désirs[1] pour celle d’un autre ; il en est de la luxure comme de l’avarice, elle augmente sa soif par l’acquisition des trésors.

Du temps de Justinien, plusieurs Philosophes gênés par le Christianisme, se retirerent en Perse auprès de Cosroës. Ce qui les frappa le plus, dit Agathias[2], ce fut que la polygamie étoit permise à des gens qui ne s’abstenoient pas même de l’adultere.

La pluralité des femmes, qui le diroit ! même à cet amour que la nature désavoue : c’est qu’une dissolution en entraîne toujours une autre. À la révolution qui arriva à Constantinople, lorsqu’on déposa le sultan Achmet, les relations disoient que le peuple ayant pillé la maison du chiaya, on n’y avoit pas trouvé une seule femme. On dit qu’à Alger[3] on est parvenu à ce point, qu’on n’en a pas dans la plupart des sérails.

  1. C’est ce qui fait que l’on cache avec tant de soin les femmes en orient.
  2. De la vie & des actions de Justinien, pag. 403.
  3. Laugier de Tassy, Histoire d’Alger.