Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
176
De l’esprit des Lois,

armes[1]. Si-tôt qu’ils pouvoient les porter, ils étoient présentés à l’assemblée ; on leur mettoit dans les mains un javelot[2] : dès ce moment, ils sortoient de l’enfance[3] ; ils étoient une part de la famille, ils en devenoient une de la république.

« Les aigles, disoit[4] le roi des Ostrogoths, cessent de donner la nourriture à leurs petits, si-tôt que leurs plumes & leurs ongles sont formés ; ceux-ci n’ont plus besoin du secours d’autrui, quand ils vont eux-mêmes chercher une proie. Il seroit indigne que nos jeunes gens qui sont dans nos armées fussent censés être dans un âge trop foible pour régir leur bien, & pour régler la conduite de leur vie. C’est la vertu qui fait la majorité chez les Goths ».

Childebert II. avoit quinze[5] ans,

  1. Sed arma sumere non ante cuiquam moris quàm civitas suffecturum probaverit.
  2. Tam in ipso concilia, vel principum aliquis, vel pater, vel propinquas, scuto, frameáque juvenem ornant.
  3. Hæc apud illos toga, hic primus juventæ honos ; ante hoc domni pars videntur, mox reipublicæ.
  4. Théodoric, dans Cassiodorus, liv. I. lett. 38.
  5. Il avoit à peine cinq ans, dit Grégoire de Tours, liv. V. ch. I. lorsqu’il succéda à son pere, en l’an 575 ; c’est-à-dire, qu’il avoit cinq ans. Gontrand le déclara majeur en l’an 585 : il avoit donc quinze ans.