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Liv. XXI. Chap. XX.

Ainsi nous devons aux spéculations des scholastiques tous les malheurs[1] qui ont accompagné la destruction du commerce ; & à l’avarice des princes l’établissement d’une chose qui le met en quelque façon hors de leur pouvoir.

Il a fallu depuis ce temps que les princes se gouvernassent avec plus de sagesse qu’ils n’auroient eux-mêmes pensé : car, par l’événement, les grands coups d’autorité se sont trouvés si maladroits, que c’est une expérience reconnue, qu’il n’y a plus que la bonté du gouvernement qui donne de la prospérité.

On a commencé à se guérir du Machiavélisme, & on s’en guérira tous les jours. Il faut plus de modération dans les conseils. Ce qu’on appelloit autrefois des coups d’état, ne seroit aujourd’hui, indépendamment de l’horreur, que des imprudences.

Et il est heureux pour les hommes d’être dans une situation, où pendant que leurs passions leur inspirent la pen-

  1. Voyez dans le corps du droit la quatre vingt-troisieme Novelle de Léon, qui révoque la loi de Basile son pere. Cette loi de Basile est dans Herménopule, sous le nom de Léon, livre III, tit. 7. §. 27