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Liv. XXI. Chap. XXII.

verte, comme 64 est à 1, c’est-à-dire, qu’elle doublera encore. Or à présent cinquante[1] quintaux de minérai pour l’or, donne quatre, cinq & six onces d’or ; & quand il n’y en a que deux, le mineur ne retire que ses frais. Dans deux cents ans, lorsqu’il n’y en aura que quatre, le mineur ne tirera aussi que ses frais. Il y aura donc peu de profit à tirer sur l’or. Même raisonnement sur l’argent, excepté que le travail des mines d’argent est un peu plus avantageux que celui des mines d’or.

Que si l’on découvre des mines si abondantes qu’elles donnent plus de profit ; plus elles seront abondantes, plutôt le profit finira.

Les Portugais ont trouvé tant d’or[2] dans le Brésil, qu’il faudra nécessairement que le profit des Espagnols diminue bientôt considérablement, & le leur aussi.

J’ai oui plusieurs fois déplorer l’aveu-

  1. Voyez les voyages de Frezier.
  2. Suivant Milord Anson, l’Europe reçoit du Brésil tous les ans pour deux millions sterling en or, que l’on trouve dans le sable au pied des montagnes, ou dans le lit des rivieres. Lorsque je fis le petit ouvrage dont j’ai parlé dans la premiere note de ce chapitre, il s’en falloit bien que les retours du Brésil fussent un objet aussi important qu’il l’est aujourd’hui.