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Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 2.djvu/76

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De l’esprit des Lois,

Pour vaincre la paresse du climat, il faudroit que les lois cherchassent à ôter tous les moyens de vivre sans travail : mais, dans le midi de l’Europe, elles font tout le contraire ; elles donnent à ceux qui veulent être oisifs des places propres à la vie spéculative, & y attachent des richesses immenses. Ces gens, qui vivent dans une abondance qui leur est à charge, donnent avec raison leur superflu au bas peuple : il a perdu la propriété des biens ; ils l’en dédommagent par l’oisiveté dont ils le font jouir ; & il parvient à aimer sa misère même.




CHAPITRE VIII.

Bonne coutume de la Chine.


Les relations[1] de la Chine nous parlent de la cérémonie[2] d’ouvrir les terres, que l’empereur fait tous les ans. On a voulu exciter[3] les peuples

  1. Le P. du Halde, histoire de la Chine, tom. II. pag. 72.
  2. Plusieurs rois des Indes, font de même. Relation du royaume de Siam par la Loubere, p. 69.
  3. Venty, troisieme empereur de la troisieme dynastie, cultiva la terre de ses propres mains, & fit travailler à la soie, dans son palais, l’impératrice & ses femmes. Histoire de la Chine.