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De l’esprit des Lois,


On a beaucoup parlé d’une loi d’Angleterre[1], qui permettoit à une fille de sept ans de se choisir un mari. Cette loi étoit révoltante de deux manieres : elle n’avoit aucun égard au temps de la maturité que la nature a donné à l’esprit, ni au temps de la maturité qu’elle a donné au corps.

Un pere pouvoit, chez les Romains, obliger sa fille à répudier[2] son mari, quoiqu’il eût lui-même consenti au mariage. Mais il est contre la nature que le divorce soit mis entre les mains d’un tiers.

Si le divorce est conforme à la nature, il ne l’est que lorsque les deux parties, ou au moins une d’elles, y consentent ; & lorsque ni l’une ni l’autre n’y consentent, c’est un monstre que le divorce. Enfin la faculté du divorce ne peut être donnée qu’à ceux qui ont les incommodités du mariage, & qui sentent le moment où ils ont intérêt de les faire cesser.

  1. M. Bayle, dans sa critique de l’histoire du Calvinisme, parle de cette loi, p. 293.
  2. Voyez la loi V, au code de repudiis & judicio de moribus sublato.