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Liv. XXVI. Chap. XIV.

Les enfans[1] des deux freres, ou les cousins germains, étoient regardés & se regardoient entr’eux comme freres. L’éloignement qui étoit entre les freres & les sœurs pour le mariage étoit donc aussi[2] entre les cousins germains.

Ces causes sont si fortes & si naturelles, qu’elles ont agi presque par toute la terre, indépendamment d’aucune communication. Ce ne sont point les Romains qui ont appris aux habitans de Formose[3], que le mariage avec leurs parens au quatrieme degré étoit incestueux ; ce ne sont point les Romains qui l’ont dit aux Arabes[4] ; ils ne l’ont point enseigné aux Maldives[5].

Que si quelques peuples n’ont point rejeté les mariages entre les peres & les enfans, les sœurs & les freres, on a vu, dans le livre premier, que les êtres

  1. En effet, chez les Romains, ils avoient le même nom ; les cousins germains étoient nommés freres.
  2. Ils le furent à Rome dans les premiers temps, jusqu’à ce que le peuple fît une loi pour les permettre ; il vouloit favoriser un homme extrêmement populaire, & qui s’étoit marié avec sa cousine germaine. Plutarque, au traité des demandes des choses Romaines.
  3. Recueil des voyages des Indes, tome V, part. I. relation de l’état de l’île de Formose.
  4. L’alcoran, chap. des femmes.
  5. Voyez François Pyrard.