Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 3.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
Liv. XXVIII. Chap. XX.

accompagné de ses gens, va battre un homme qui n’est point sur ses gardes, afin de le couvrir de honte & de ridicule, paye la moitié de la composition qu’il auroit due s’il l’avoit tué ; & que[1] si, par le même motif, il le lie, il paye les trois quarts de la même composition.

Disons donc que nos peres étoient extrêmement sensibles aux affronts ; mais que les affronts d’une espece particuliere, de recevoir des coups d’un certain instrument sur une certaine partie du corps, & donnés d’une certaine maniere, ne leur étoient pas encore connus. Tout cela étoit compris dans l’affront d’être battu, & dans ce cas la grandeur des excès faisoit la grandeur des outrages.




CHAPITRE XXI.

Nouvelle réflexion sur le point d’honneur chez les Germains.


« C’étoit chez les Germains, dit Tacite[2], une grande infamie d’avoir abandonné son bouclier dans

  1. Ibid. §. 2.
  2. De morib. German.