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Liv. XXXI. Chap. I.

disgrace de cette armée. Frédégaire dit que Protaire[1], favori de Brunehault, prenoit le bien des seigneurs, & en gorgeoit le fisc, qu’il humilioit la noblesse, & que personne ne pouvoit être sûr de garder le poste qu’il avoit. L’armée conjura contre lui, on le poignarda dans sa tente ; & Brunehault, soit par les vengeances[2] quelle tira de cette mort, soit par la poursuite du même plan, devint tous les jours plus odieuse à la nation[3].

Clotaire ambitieux de régner seul, & plein de la plus affreuse vengeance, sûr de périr si les enfans de Brunehault avoient le dessus, entra dans une conjuration contre lui-même ; & soit qu’il fût mal-habile, ou qu’il fût forcé par les circonstances, il se rendit accusateur de Brunehault, & fit faire de cette reine un exemple terrible.

Warnachaire avoit été l’ame de la

  1. Sæva illi suit contra personas iniquitas, sisco nimiùm tribuens, de rebus personarum ingeniosè fiscum vellens implere… ut nullus reperiretus qui gradum quam arripuerat potuisset adsumere. Chronique de Frédégaire, ch. xxvii, sur l’an 605.
  2. Ibid. chap. xxviii, sur l’an 607.
  3. Ibid. ch. xli, sur l’an 613. Burgundiæ farones, tàm episcopi quàm cæteri leudes, timentes Brunichildem & odium in eom habentes, consilium intentes, &c.