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De l’esprit des Lois,

maire n’étoit point une des premieres de l’état[1] ; elle ne fut pas non plus une des plus éminentes[2] chez les premiers rois Francs.

Clotaire rassura ceux qui possédoient des charges & des fiefs ; & après la mort de Warnachaire, ce prince[3] ayant demandé aux seigneurs assemblés à Troies, qui ils vouloient mettre en sa place, ils s’écrierent tous qu’ils n’éliroient point ; & lui demandant sa faveur, ils se mirent entre ses mains.

Dagobert réunit, comme son pere, toute la monarchie : la nation se reposa sur lui, & ne lui donna point de maire. Ce prince se sentit en liberté ; & rassuré d’ailleurs par ses victoires, il reprit le plan de Brunehault. Mais cela lui réussit si mal, que les leudes d’Austrasie se laisserent[4] battre par les Sclavons,

  1. Voyez la loi des Bourguignons, in præsat. & le second supplément à cette loi, tit. 13.
  2. Voyez Grégoire de Tours, liv. IX, ch. xxxvi.
  3. Eo anno, Clotarius cum proceribus & leudibus Burgundiæ Trecossinis conjungitur : cùm eorum esset sollicitus, si vellent jàm, Warnachario discesso, alium is ejus honoris gradum sublimare : sed omnes unanimiter denegantes se nequaquàm velle majorem domûs eligere, regis gratiam obnixè perentes, cum rege transegère. Chronique de Frédégaire, ch. liv, sur l’an 626.
  4. Istam victorium quam Vinidi cortra Francos nesuerent non tantùm Sclarinorum fortitudo obsinuit, quantùm dementation Austrosiorum, dùm se cernebant cum Dagoberto odium incurrisse, & ossiduè expoliarentur. Chron. de Frédégaire, ch. lxviii, sur l’an 630.