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Liv. XXXI. Chap. XVI.

crut qu’il étoit à propos de confondre ces deux titres ; confusion qui laisseroit toujours de l’incertitude, si la royauté nouvelle étoit héréditaire, ou non : & cela suffisoit à celui qui joignoit à la royauté une grande puissance. Pour lors, l’autorité du maire fut jointe à l’autorité royale. Dans le mélange de ces deux autorités, il se fit une espece de conciliation. Le maire avoit été électif, & le roi héréditaire : la couronne, au commencement de la seconde race, fut élective, parce que le peuple choisit ; elle fut héréditaire, parce qu’il choisit toujours dans la même famille[1].

Le pere le Cointe, malgré la foi de tous les monumens[2], nie[3] que le pape ait autorisé ce grand changement ; une de ses raisons est qu’il auroit fait une injustice. Et il est admirable de voir

  1. Voyez le testament de Charlemagne ; & le partage que Louis le débonnaire fit à ses enfans dans l’assemblée des états tenue à Quierzy, rapportée par Goldaste : Quem populus eligere velit, ut patri suo succedait in regni hœreditate.
  2. L’anonyme, sur l’an 752 ; & chron. Centul. sur l’an 754.
  3. Fabella quæ post Pipini mortem excogitata est, æquitati ac sanctitati Zachariæ papæ plurimùm adversatur… Annales ecclésiastiques des François, tome II, page 319.