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Liv. XXX. Chap. III.

leur état, les nomme compagnons[1]. Il y avoit entr’eux une émulation singuliere[2] pour obtenir quelque distinction auprès du prince & une même émulation entre les princes sur le nombre & la bravoure de leurs compagnons. « C’est, ajoute Tacite, la dignité, c’est la puissance d’être toujours entouré d’une foule de jeunes gens que l’on a choisis ; c’est un ornement dans la paix, c’est un rempart dans la guerre. On se rend célebre dans sa nation & chez les peuples voisins, si l’on surpasse les autres par le nombre & le courage de ses compagnons : on reçoit des présens ; les ambassades viennent de toutes parts. Souvent la réputation décide de la guerre. Dans le combat il est honteux au prince d’être inférieur en courage ; il est honteux à la troupe de ne point égaler la valeur du prince ; c’est une infamie éternelle de lui avoir survécu. L’engagement le plus sacré, c’est de le défendre. Si une cité est en paix, les princes vont chez celles qui font la guerre ; c’est par-là qu’ils conser-

  1. Comites.
  2. Ibid.