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Liv. XXX. Chap. V.

seconde race, presque toutes les terres devenues des fiefs, des arriere-fiefs, ou des dépendances de l’un ou de l’autre : mais cela a eu des causes particulieres qu’on expliquera dans la suite.

La conséquence qu’on en voudroit tirer, que les Barbares firent un règlement général pour établir par-tout la servitude de la glebe, n’est pas moins fausse que le principe. Si dans un temps où les fiefs étoient amovibles, toutes les terres du royaume avoient été des fiefs ou des dépendances de fiefs, & tous les hommes du royaume des vassaux ou des serfs qui dépendoient d’eux ; comme celui qui a les biens a toujours aussi la puissance, le roi, qui auroit disposé continuellement des fiefs, c’est-à-dire de l’unique propriété, auroit eu une puissance aussi arbitraire que celle du sultan l’est en Turquie ; ce qui renverse toute l’histoire.