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de l’esprit des Lois.


Je sais bien que la religion est indépendante par elle-même de tout effet physique quelconque ; que celle qui est bonne dans un pays, est bonne dans un autre ; & qu’elle ne peut être mauvaise dans un pays, sans l’être dans tous : mais je dis que, comme elle est pratiquée par les hommes & pour les hommes, il y a des lieux où une religion quelconque trouve plus de facilité à être pratiquée, soit en tout, soit en partie, dans certains pays que dans d’autres, & dans de certaines circonstances que dans d’autres ; & dès que quelqu’un dira le contraire, il renoncera au bon sens.

L’auteur a remarqué que le climat des Indes produisoit une certaine douceur dans les mœurs : mais, dit le critique, les femmes s’y brûlent à la mort de leur mari. Il n’y a guere de philosophie dans cette objection. Le critique ignore-t-il les contradictions de l’esprit humain, & comment il sait séparer les choses les plus unies, & unir celles qui sont les plus séparées ? Voyez là-dessus les réflexions de l’auteur, au chapitre III du livre XIV.