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de l’esprit des Lois.

Comme cet argument a fourni matiere à beaucoup de déclamations, j’y ferai deux réponses. La premiere, c’est que l’auteur a excepté nommément dans son livre la religion chrétienne. Il a dit au livre XXIV, chap. I, à la fin : Le religion chrétienne, qui ordonne aux hommes de s’aimer, veut, sans doute, que chaque peuple ait les meilleures lois politiques & les meilleures lois civiles ; parce qu’elles sont après elle, le plus grand bien que les hommes puissent donner & recevoir. Si donc la religion chrétienne est le premier bien, & les lois politiques & civiles le second, il n’y a point de lois politiques & civiles, dans un état, qui puissent ou doivent y empêcher l’entrée de la religion chrétienne.

Ma seconde réponse est que la religion du ciel ne s’établit pas par les mêmes voies que les religions de la terre. Lisez l’histoire de l’église, & vous verrez les prodiges de la religion chrétienne. A-t-elle résolu d’entrer dans un pays ? elle sait s’en faire ouvrir les portes ; tous les instrumens sont bons pour cela : quelquefois Dieu veut se servir de quelques pécheurs ; quelquefois