Aller au contenu

Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’autre nuit, cette nuit où je tenais Anne presque nue dans mes bras, et où les sens avaient parlé, quelque chose de nouveau était né. Ma bien-aimée était devenue une femme, j’étais redescendu sur la terre ; notre dialogue, dès la minute où je l’avais désirée, où j’avais senti la réalité de son corps, avait cessé d’être celui de deux âmes perdues dans l’azur. Nous étions un homme et une femme, nous vivions dans le monde réel, nous étions attachés à la famille humaine, nous faisions partie de la société, il allait falloir y penser… J’avais comme un pressentiment de tout cela, je n’y avais pas encore réfléchi, mais je comprenais que je devrais y réfléchir, que les soucis approchaient.

Yvon mangeait de bon appétit notre humble festin d’œufs et de conserves, et il buvait sec le vin de la cantine. Il avait l’air heureux de son âge. Je crois qu’il était assez flatté de voir que je le traitais tout à fait comme mon