Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/154

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en faisant de grands gestes. Comme il longeait le mur contre lequel par terre, étaient posées mes toiles, il les remarqua, et son histoire finie, les porta l’une après l’autre près de la lampe pour les regarder. Il faisait sur chacune d’elles des remarques qui n’étaient pas dénuées de finesse, ni d’un certain goût naturel. Il avait vu ainsi plusieurs paysages, quand il arriva, sans que j’y eusse pensé, au portrait d’Anne :

— Mais c’est la demoiselle du Goabren ! s’écria-t-il étourdiment.

Là-dessus il réfléchit, craignit sans doute d’avoir commis une indiscrétion, n’osa plus regarder le tableau et releva la tête avec un peu de gêne.

Sa spontanéité et sa délicatesse me touchaient. Il m’inspirait confiance. Après tout, quel meilleur confident pouvais-je souhaiter ? Je n’étais pas mécontent qu’il connût mon secret.