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Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/155

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Je dis donc lentement, en le regardant bien dans les yeux :

— Oui, c’est elle, Yvon.

Il soutint mon regard sans affectation. Puis s’écoula un assez long silence, pendant lequel nous réfléchîmes l’un et l’autre.

À son air sérieux, je voyais qu’il avait compris.

Et bien que fort jeune, bien que sans doute il n’eût point encore aimé, ce Breton ne pouvait pas envisager avec légèreté les questions de sentiment. Certainement il avait le respect de l’amour comme de la religion. Il avait l’intuition, l’intelligence naturelle des choses du cœur.

Je le regardais, le coude posé sur la table, mais droit sur sa chaise, avec son visage à la fois décidé et rêveur, et son aspect de fraîcheur et de santé, le cou nu sortant du maillot, le profil net, les cheveux drus et bien noirs, et je ne doutais pas de lui.