Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/215

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Je songeais à mon ange avec adoration. Mais qu’elle fût si belle, si pure, si divine, cela m’effrayait encore. « Elle est trop aérienne pour vivre. Non, elle n’appartient pas à ce monde… »

C’est que l’homme n’est pas créé pour être heureux ; c’est que, toujours, à l’instant où il va atteindre le fruit, la branche se rompt et il se brise sur le sol. Je savais cela. Je craignais cela.


Je m’énumérais tout ce qui pouvait faire échouer notre projet : ses parents s’apercevant d’un changement dans sa manière d’être, prenant l’éveil, la surveillant, fermant les portes, l’empêchant de sortir… Ou, du côté d’Yvon : il ne pouvait nous mener, il était retenu à terre, par un accident, un malade à soigner, un travail que Toussaint lui donnait inopinément, que sais-je ?… La chose la plus insignifiante, la plus misérable, pouvait tout