Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/224

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lit, j’aurais voulu dormir un peu… je n’y réussis pas encore. Alors j’essayai de lire. Mais je ne pus rassembler mon attention sur une page.

Je sortis. Je me mis à marcher. Je n’osai pas descendre au village, de crainte qu’on y remarquât ma surexcitation. Et, aussi, je préférais éviter l’émotion que j’éprouverais peut-être devant le calme quotidien de ces braves gens, pour qui ce jour était un jour comme les autres, tandis que pour moi c’était un jour unique entre tous les jours. Je ne voulais pas non plus, que plus tard, ils pussent penser que je les avais trompés, que je leur avais joué une comédie. Je marchais donc à travers l’île déserte, à grands pas, pour vaincre mon énervement. Je considérais tout, de ce regard rêveur qu’on pose sur les lieux que l’on va quitter, et que l’on contemple pour la dernière fois. L’immobilité, le silence, la paix profonde de l’île me péné-