Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/52

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le fort. J’y retrouverais peut-être mon ami : le vieux garde bavard. Aujourd’hui, il n’y avait guère autre chose à faire qu’à bavarder, ou bien trouver un abri quelque part et fumer sa pipe en songeant.

C’est ce qui m’occupa premièrement, en effet. Autour du grand fort, rien sous la pluie que les vaches ; elles broutaient paisiblement. Je descendis dans le fossé, la solitude y était complète ; le fort abandonné devenait une chose de la nature, il avait perdu sa signification humaine, il n’était plus que de la pierre, de l’herbe, des talus. Il était pareil à une ancienne ruine, appartenant à une époque disparue, et destinée jadis à un usage qu’on ne comprenait plus très bien maintenant. Je réfléchissais, en froissant d’un pas rêveur, l’herbe mouillée des douves, tandis que la pluie fine continuait.

Cependant quelqu’un passa sur le pont de bois et alla s’abriter sous le renfoncement de