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Voici deux autres romancières spiritualistes : Mme Jacques Morian (Le Tournant), et Isabelle Kayser, née en Suisse en 1867 (Marcienne de Flue).

Mlle Pierre de Coulevain et Mme Mathilde Alanic se sont surtout donné pour tâche d’écrire pour les jeunes filles. Pierre de Coulevain a observé les Américaines, et ses études psychologiques sont nettes, fouillées, un peu trop optimistes, mais adroites et animées. Après Noblesse Américaine et Eve Victorieuse, elle a publié un livre d’observations plus personnelles. Sur la Branche ; puis L’Île Inconnue, étude de l’âme anglaise. Un peu conventionnelle, mais avec de charmants dons de conteur, Mlle Alanic s’est efforcée de peindre la vie de près, à la manière anglaise, en choisissant la vérité. La plupart de ses livres sont des analyses du cœur féminin. À sa suite, mais plus conventionnelles encore, il faut citer d’autres « romancières pour jeunes filles » : Mmes Champol, Guy Chantepleure, Jean de La Brète, Jeanne Schultz.

Mme Jehan d’Ivray (Le Prince Mourad) s’est spécialisée dans le roman de mœurs turques, égyptiennes ou arabes. Elle écrit avec facilité et conte avec agrément. Mme Claude Lemaître[1] est surtout l’auteur de Cadet Oui-Oui, idylle populaire contée avec un très grand charme et qui présente avec verve les mœurs des marins et des mareyeurs du Portel. Les deux sœurs d’Ulmès, Renée et Tony, ardemment féministes, révoltées par certaines conventions sociales, ont fait passer dans leur œuvre le reflet de leurs préoccupations, de leur pitié pour leurs sœurs, si désarmées devant l’amour et la vie. Vierges faibles et Sybille femme constituent leur roman le plus remarqué ; Renée devait l’achever seule : Sybille mère. Elles sont mortes l’une après l’autre pendant la guerre. Mme Camille Pert, dans la lutte qu’elle a entreprise contre certaines plaies honteuses de l’humanité, confond la satire et l’exhibitionnisme : on connaît sa Petite Cady et les différentes « suites » de ce roman ; Les Florilèges, L’Autel, eurent un succès de scandale.

De Mme Bulteau, dont les essais, signés « Femina « , sont de premier ordre, il a paru, sous le nom de Jacques Vontade, deux récits, Les Histoires amoureuses d’Odile, et la curieuse Lueur sur la Cime, œuvres de moraliste plus qu’ouvrages romanesques proprement dits, car Mme Bulteau n’était pas un romancier-né. La baronne Deslandes, sous le pseudonyme « Ossit », et la baronne Hélène de Zuylen de Nyevelt[2] ont écrit aussi des romans.

  1. Les Chimères (1909), Le Bon Samaritain (1910), etc.
  2. L’Impossible Sincérité, L’Enjôleuse.