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alors sans aucun mouvement et ressemble à une nappe d’huile. Des bouteilles jetées près du vaisseau y restèrent longtemps comme dans une mare. On écrivit dans quelques-unes le passage de l’Empereur. Peut-être les trouvera-t-on un jour ensevelies sous le sable de quelque plage déserte !

Pendant ce temps d’inaction, on s’occupa à bord à réparer les gréements ; les matelots déploient les voiles sur le pont, les recousent et les remettent en état.

Notre traversée fut de deux mois et dix jours ; au lieu de passer du côté du Brésil, l’amiral avait préféré naviguer du côté de l’Afrique, et longer la côte de Sierra-Leone où les Anglais ont un établissement. Il est possible qu’il ait voulu éviter la rencontre éventuelle d’une escadre américaine, qui aurait pu vouloir délivrer l’Empereur. Au surplus, notre convoi était assez nombreux pour ne rien craindre de ce genre.

Enfin le temps s’écoulait ; on s’attendait à voir terre et ce fut pour nous une grande nouvelle lorsque le 14 octobre, à six heures du matin, on signala Sainte-Hélène. Au cri de : Land ! nous montâmes tous sur le pont.