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Le dîner n’était pas long. Dans les commencements, nous n’avions pas le temps de manger ; par la suite, il devint ce qu’il devait être.

Depuis notre établissement à Longwood, je voyais l’Empereur et l’entendais avec un intérêt qui s’accroissait chaque jour de toute l’admiration et de tout l’attachement que son caractère, son génie, tout en lui, enfin, inspirait. S’il est vrai, en général, que les rois, comme les montagnes, soient bons à voir à distance, il n’en était pas ainsi de lui ; plus on le voyait, plus on l’aimait. Tous ses compagnons d’exil lui rendent ce témoignage.

Nous étions au moment des pluies ; le temps sur notre plateau était désagréable et humide ; on passait beaucoup de temps au salon. L’Empereur cherchait à arranger sa journée de la manière qui ferait le mieux passer le temps.

Souvent après le dîner, au lieu de rentrer au salon, on renvoyait les domestiques ; il demandait alors un livre et lisait haut ou causait ; les jours de causerie m’amusaient beaucoup plus que ceux de lecture. Alors, suivant le sujet amené par la conversation et tout à fait au hasard, il faisait passer devant nous le tableau de