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sa vie ; quelquefois, c’étaient les premiers temps, et c’était avec une grande naïveté d’expressions. Pour en donner une idée, je prendrai au hasard une anecdote.

« Pendant que j’étais officier d’artillerie en garnison à Auxonne, tenez (se tournant vers moi), avec Rolland[1], votre parent, Mabille, Malais, mon jeune frère Louis me fut envoyé par ma mère. Comme je n’avais que ma paie,c’était pour moi un grand surcroit de dépenses. Je voulais qu’il dinât avec moi à la table des officiers, et pour cela j’étais obligé de me priver du déjeuner, comme je le faisais ordinairement, et de me contenter d’un petit pain et d’une tasse de café. Je tenais cela de Madame, ajoutait-il : elle nous avait élevés dans l’idée qu’il fallait savoir manger du pain noir au logis, pour soutenir au dehors son rang et sa position. Ah ! une mère, nous disait-il encore, c’est toute l’éducation d’un homme ! Madame était au-dessus des vicissitudes des révolutions. Pendant la guerre de Paoli, elle avait vu deux fois sa maison brûlée

  1. Baron Rolland de Villarceau, dont la mère était née Vassal, cousin germain de la comtesse de Montholon. — Du C.