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lire faisait souvent le sujet de la conversation. Il aimait que l’on connût l’ouvrage.

Un jour qu’il avait fait erreur sur un fait historique, il me dit vivement : « Je n’ai jamais appris que ce qui m’était utile. Quand vous voulez savoir si je sais une chose, il faut seulement vous faire cette question : Cette étude a-t-elle pu lui servir ? »

Il avait naturellement le goût du vrai et du beau. Dans les ouvrages de littérature légère, il voulait la simplicité, la peinture vraie et naïve des sentiments.

Quand il nous lisait l’Odyssée, après dîner, il était dans l’enchantement. Les détails du retour’ d’Ulysse, la reconnaissance avec la nourrice, lui faisaient venir les larmes aux yeux. Il s’arrêtait et disait avec son heureux sourire : « Ah ! que c’est beau ! comme c’est bien là le cœur humain ! »

Son émotion était si sincère, si empreinte sur ses traits expressifs, qu’il eût été impossible qu’elle ne fût pas partagée par les assistants.

Si ceux qui l’ont tellement méconnu avaient passé un seul mois à Longwood, s’ils l’avaient entendu exprimer simplement ce qu’il sentait, s’ils l’avaient vu jouer avec nos enfants, s’inté-