Page:Montifaud - Les Nouvelles drolatiques V1.djvu/28

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— Vous êtes sans doute sous l’empire d’un de ces rêves, n’est-ce pas, Mademoiselle ? Et c’est ce qui est cause que vous vous absorbez, comme vous le faites depuis ce matin, dans vos méditations.

— Précisément, Monsieur. Et ce qu’il y a de bizarre, c’est qu’il me semble que si ce rêve ne recommençait point pour moi chaque nuit, je serais désespérée.

Cette fois il me contempla d’un air si étrange, si scrutateur, si narquois et en même temps si tendre, que je restai bouche close. À mon tour je lui demandai à quoi il pensait. Il répliqua, en se levant comme sous l’empire d’une exaltation contenue :

— Et vous avez été très-heureuse… dans ce rêve, n’est-ce pas ?

— Dieu, si j’ai été heureuse ! C’est-à-dire que je manque absolument de signes et de mots pour vous le traduire.

— Et vous souhaiteriez que toutes les nuits il revînt… vous toucher à la même place ?