Page:Montifaud - Les Nouvelles drolatiques V1.djvu/54

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poser que la moitié des futurs époux de ces dames, quoique inconnus, devraient être des scélérats, des riens de rien.

Le dimanche suivant, le P. Loreau prit pour texte de son prône le portrait de l’épouse chrétienne. Il la suivit dans les moindres détails de sa vie domestique, la montrant depuis le matin sous le poids de ces innombrables tourments qu’un époux athée accumulait sur son passage. Le mécréant l’abreuvait d’ennuis et de douleurs ; il s’asseyait à table sans réciter son Benedicite, mangeait comme quatre et buvait comme un sonneur. Dans la journée, il forçait sa femme à subir son odieux contact, alors qu’elle eût préféré s’enfermer dans sa chambre et s’entretenir avec Jésus-Christ. Partait-il pour la chasse ? À son retour, il n’éprouvait qu’un appétit bestial qu’il ne demandait qu’à assouvir, au lieu d’avoir faim et soif de justice et de s’en saouler tout à son aise. Ah bien, oui ! L’épouse chrétienne était obligée de le voir en-