Page:Montifaud - Les Nouvelles drolatiques V1.djvu/55

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gloutir ainsi qu’un goinfre, et assistait les yeux résignés à ces scènes de voracité, — déplorable exemple donné aux serviteurs, — et ce n’était qu’après ce dernier acte qui terminait la journée, qu’elle obtenait enfin la permission tacite d’aller verser ses larmes aux pieds de son Dieu.

L’auditoire entier frémit. Le P. Loreau ne garda pas son aménité habituelle en descendant de la chaire ; il se retira d’un air courroucé. Les maris présents se regardèrent, complètement ahuris ; et les femmes eurent un port si majestueux et des regards si foudroyants à jeter sur ces messieurs, que la cérémonie s’acheva dans un trouble indescriptible. Les malheureux, écrasés sous l’anathème, paraissaient demander aux voûtes de l’église ce qui avait pu déterminer cette trombe à leur adresse. Quelques-uns revinrent chez eux désespérés, convaincus que le pasteur devait connaître certaines de leurs peccadilles restées secrètes jusque-là et s’attendant à de terribles scènes.