Page:Montifaud - Les Nouvelles drolatiques V1.djvu/63

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guise d’exhortation, de la lettre édifiante qu’elle adressait au P. Loreau.

Le moment d’exhiber l’objet arriva enfin. Pendant cette délicate opération, l’heureux révérend revêtit son surplis, se disposant à monter en chaire. Le suisse l’attendait respectueusement. Au moment où il frappait ses trois appels de hallebarde et où le P. Loreau quittait la sacristie, le bedeau donnait le premier coup de marteau à la caisse. Un second coup fit sauter le couvercle. Une légère surprise se manifesta immédiatement. On s’attendait à trouver dans la boîte un riche écrin, digne du précieux bijou annoncé. Tous les yeux se fixèrent cependant pleins de convoitise sur l’objet, soigneusement enveloppé d’un triple papier de soie. Toutes les lèvres s’ouvrirent et toutes les mains s’avancèrent. Le P. Antoine désentortilla avec déférence le cadeau de Mme de Trigonec et poussa soudain une sourde exclamation. L’horreur le disputait à la honte, la honte à la colère ; son cou se raidit,