Page:Montifaud - Les Nouvelles drolatiques V1.djvu/64

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ses dents s’entre-choquèrent, ses mains frémirent, il faillit tomber. Le digne père venait d’exhiber un irrigateur, d’un format moyen, fort savamment entouré de son conduit vert. Le bout d’ivoire, au lieu de disparaître discrètement dans un angle de la boîte, semblait se redresser animé d’une provocante malice, et surgir dans le serpentement du tuyau en caoutchouc, en pointant de toute sa raideur au nez du malheureux P. Antoine qui le regardait d’un air abruti.

On se crut, un instant, dans la pieuse assemblée, en proie à un formidable rêve, à quelque chose de semblable à la violation d’un vase sacré. Du reste, il n’y avait pas à s’y méprendre, c’était bien là ce que l’on avait voulu offrir au P. Loreau en guise de calice.

Et, pendant ce temps, on entendait la voix retentissante du confesseur de Mme de Trigonec, clamant du haut de la chaire, la lettre pieusement décachetée devant l’assemblée des fidèles :