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Page:Montifaud - Les Nouvelles drolatiques V2.djvu/56

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sieurs saints qu’on avait crus morts ressuscitèrent ; c’est-à-dire que mes sensations que je croyais passées à l’état fluide, que je supposais anéanties, prirent un corps et revinrent d’elles-mêmes m’assurer qu’elles étaient de ce monde. Il s’agissait, pour Ali, — afin de parler son langage, qui ne procède que par métaphores — d’arriver, à force de fioritures amoureuses, jusqu’à ce sanctuaire, jusqu’à ce saint des saints, où il m’assurait qu’en le laissant pénétrer à mes côtés, je pourrais défier la peur et les apparitions. Comment refuser de le croire ?… Il est des moments où la plus chaste sent un brouillard baigner ses yeux et ses membres, ce brouillard de l’évanouissement classique que le vieil Homère a personnifié dans le nuage dont il enveloppe Jupiter, s’oubliant cinq minutes entre les bras d’une déesse. Qui m’aurait dit que la torture supposée se transformerait pour moi en soubresauts de plaisir, en caresses étranges, éperonnant la chair, lui enfonçant leurs traits aigus,